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Bien le bonjour chères consœurs et chers confrères. Cela fait un bon moment que je n'ai envoyé de mail ni d'explication sur une multitude d'événements notamment sur le groupe WhatsApp de notre conseil régional. À un moment c'était délibéré pour ne pas causer du tort aux efforts des instances régionales et nationales dans l'instauration du cahier de chantier pour toutes les autorisations de construire.  Et par la suite je dois avouer que je n'avais tout simplement pas le temps pris par une multitude de projets personnels.

 

Je me suis toujours évertué à vous dire que les diverses actions entreprises par le Conseil ont un fil conducteur. Et que c’est à nous d’utiliser ce formidable outil qu’est le conseil pour traiter les dossiers qui nous tiennent à cœur. Il n’est point besoin d’être membre du conseil pour agir. J’ai bien noté que beaucoup d’architectes ont pressé le conseil d'intervenir pour la répartition de la commande publique. En ce qui me concerne je ne suis pas contre cela bien évidemment, et le Conseil a participé avant 2014 à l'instauration du décret des marchés publics pour plus de transparence et la fin du gré à gré. Puis à la correction à travers des amendements qui vont bientôt être soumis à la trésorerie générale. Parallèlement le Conseil a aussi donné la priorité à de jeunes architectes quand des opérateurs publics nous ont sollicité. Mais par la suite des problèmes ont été révélés par les architectes avec des conditions de travail médiocres qui imposaient des contrats groupés avec les BET ou autres et des honoraires en baisse par rapport à ce qui a été instauré avec le décret des marchés publics. Je suis d'accord avec le fait que c'est conditions de travail ainsi que le passage systématique par l'Agence de développement du Nord pour passer outre les formes de passation de marchés publics instaurée par le DMP doivent être combattu.

 

Mais se consacrer à cela exclusivement et ne pas continuer le travail sur la commande privée n'est pas logique. J'ai eu beaucoup de discussions passionnées avec les consœurs et confrères à ce sujet. J'ai relevé beaucoup d'erreurs, que je juge être des erreurs car tous les architectes n'ont pas accès aux statistiques de la commande publique et privée. Tout d'abord pour le secteur privé : une vingtaine d'années de signature de complaisance a donné mauvaise réputation à cette tranche de notre marché. On connait tous la propension légendaire des architectes à la démagogie : « Ce n'est pas de l'archi ! »  « C'est une commande indigne, trop simple, une commande pour les architectes fainéant et non talentueux ! » « C’est une commande ridicule car même avec les 5 % d'honoraires les montants sont petits et ne suffisent pas à vivre à faire vivre un cabinet ! » etc. etc.  J’exagères un peu mais pas trop, non !?

 

Mon engagement ainsi que celui de beaucoup de consœurs et confrères pour redresser la situation de la profession n’allait pas s’émousser pour cela. On s'est inspiré de diverses initiatives d'autres régions qui ont vu la signature d'entente entre architecte pour relever les honoraires du secteur privé. Les membres du Conseil ainsi que beaucoup d'autres architectes ont réagi positivement à cette initiative et une commission s'est formé : La commission contrat et honoraire je les remercie chaleureusement pour le travail qu'ils ont accompli. Pour garantir la réussite de cette initiative on a intégré des architectes qui réalisent beaucoup de volume dans le secteur privé.

 

Après avoir bouclé le contrat et le barème d'honoraires, est venue la partie délicate de l'Entente entre architectes pour respecter ces engagements : un quota mensuel de mètre carrés (publics et privé) à ne pas dépasser et les procédures pour que si un architecte dépasse ce quota il passe automatiquement par une enquête pour déterminer s'il a les capacités et justificatif pour traiter toute cette commande. Sinon il passerait en conseil de discipline s'il était jugé qu’il ne fait pas sa mission complète.

 

Les discussions ont pris énormément de temps et beaucoup d'énergie, pour arrondir les angles, accorder les points de vue, répondre aux exigences des anciens qui voulait des moyens de contrôle pour garantir la pérennité de cette action, et aussi garantir que la course folle à la baisse des honoraires n'allait pas recommencer dès que le barème serait publié (chose qui s’était inévitablement passée à chaque fois qu’ils essayaient ce genre d’initiative) . Répondre aux exigences des architectes qui travaillent énormément dans le secteur privé. Qui jugeaient les quotas de départ ridicules et qu'il leur était impossible de garantir le même chiffre d'affaire en baissant considérablement le nombre de mètre carré couvert qu'ils font. Même si cela était accompagné par une hausse des honoraires. Il a fallu beaucoup de va-et-vient et de concertation pour arriver à une entente... Et subitement à la dernière minute l'imbécillité d'une seule personne a réduit à néant tous ces efforts qui reposaient sur l'entente de tous.

 

Je dis bien imbécilité car c’est le mot qui m’a marqué, prononcé par un proche quand je lui ai exposé la situation. Car en effet continuer dans cette voie d’engranger plus de 2000-3000 ou 4000 m² par mois tout en ne se souciant pas des lois intransigeantes et dures qui viennent d’être appliquées, sans compter le fait que la baisse des honoraires n’a jamais été une solution. Tôt ou tard viendra un autre architecte qui en aura marre de vivoter et baissera les honoraires encore plus pour s’accaparer toute la commande (normal que a 8dh le m² on soit obligé de faire au-delà de 3000m² mensuel). Les intermédiaires dans les communes qui ont la mainmise sur cette commande n’ont que faire de la fidélité : au premier centime de moins ils changeront d’architecte.

Là encore je remercie chaleureusement les consœurs et confrères du Conseil qui, quand je leur ai exposé le déroulement des événements, m’ont remonté le moral et encouragé à terminer ces efforts en mettant en place cette cellule de calcul des statistiques. Pour relever les architectes qui dépassent un certain nombre de réalisation pour être entendu par le Conseil et déterminé s'ils ont réalisé leur commande antérieure dans le respect de la loi. C'est de toute manière la mission première d'un conseil de l'ordre de veiller à la discipline.

 

Maintenant que je vous ai fait un compte rendu je me permets de passer aux raisons pour lesquelles j’ai dit au départ que je considère que les architectes ont un mauvais jugement vis-à-vis du secteur privé : comme cela ceux qui sont trop pris ou fatigués n’auront pas raté le compte rendu au moins !

 

La concurrence sur les honoraires n’apporte rien de bon. Depuis 2008, date à laquelle j’ai décidé de donner une partie de mon temps pour assister les consœurs et confrères dans les instances ordinales, c’était principalement pour régler ce problème. Malheureusement depuis ce temps et jusqu’à maintenant, beaucoup d’architectes ne saisissent pas encore le nœud du problème.

Les habitations de type marocains, les petits projets individuels (villas, r+1 r+2…) représentent jusqu’à 70% du total des m² couverts construits dans notre pays. Les 30% restant sont les grands projets, au-delà de r+3, et les projets publics. Ces 30% ce sont tous les projets de l’état, d’organismes semi-publics, tous les projets privés de grands groupes immobiliers ou de maitre d’ouvrages réputés (banques, secteur médical…)

Voici un tableau éloquent du HCP, vous pourrez retrouver l’ensemble de ces statistiques sur ce lien : http://www.hcp.ma/file/129860/

 

Images intégrées 1

 

48 517 : c’est le nombre d’autorisations en…2006 ! Date de cette étude. Remarquez le nombre d’autorisations d’habitat marocain (surface de terrain entre 60 et 200m² dans un autre tableau). Ce nombre est de 39.338 autorisations. Beaucoup argumenteront que le nombre de réalisations publiques est trop faible : 146 pour toute l’année. En effet beaucoup d’administrations ne passent pas par le circuit de l’autorisation. Mais n’empêche, même si on multipliait ce chiffre par 5 ou 6. Le nombre de réalisation de l’état seraient bien moins inférieur que le privé.

 

Grosso modo cela revient à dire que hormis les 5 à 6 architectes par région qui s’accaparent les 80% des m² couverts des petits projets de toute leur région pour la gaspiller en signatures. Le reste des 3000 architectes du pays ne travaillent quasi exclusivement qu’avec ces opérateurs privés d’envergure ou avec l’état, à réaliser 20% des m² couverts du pays. Il n’existe pas un seul économiste au monde qui ne vous dira pas que ce modèle de marché est voué à l’échec.

 

La concurrence entre tous les architectes sur une portion limitée du marché a aussi une conséquence : la baisse des honoraires des grands projets. C’est une loi infaillible et normale : quand l’offre (des services d’architectes) excède la demande, les honoraires baissent. Même pour l’état qui fixe un minimum d’honoraires, l’abondance d’offres de services d’architectes créé automatiquement des abus. Tous ne peuvent pas évidemment avoir des projets publics, participent par douzaines sur des consultations en engageant des frais énormes. Je ne sais pas d’où vient cette légende que les 3000 architectes de ce pays ont l’espoir de tous travailler pour le secteur public…si on divisait les honoraires annuels de tous les projets de l’état sur les 3000 architectes cela donnerait un montant tellement ridicule : il est inévitable ainsi que des architectes accéderont à cette commande plus que d’autres car on ne peut la diviser à l’infini.

 

Le conseil de l’ordre s’est battu pour instaurer des règles de transparence. Mais même si on arrivait à la solution idéale que le conseil de l’ordre répartisse la commande publique de toute la région elle ne suffirait pas pour les 150 architectes inscrits à notre tableau. Que dire alors des 2000 architectes sur casa et rabat qui voudront aussi une part car leur région ne peut suffire…bref c’est mathématique. Cette commande ne peut suffire à tous. Il faut combattre les abus, mais on ne peut pas blâmer ceux qui y ont accès plus que d’autres ni trouver un quelconque manquement dans leur mission. Un architecte qui va réaliser deux grands équipements en une année en faisant 6000 m ² couvert, c’est certes beaucoup. Mais en comparaison avec 100.000 m² d’économique et de villas qui se font chaque mois…et ce chiffre vous paraitra dérisoire. Pour ceux d’entre vous qui pensent que je radote, les 100.000m² ne concernent que les statistiques dont on dispose, une large part des autorisations de construire échappe à nos statistiques car tous les arrondissements n’ont pas respecté l’engagement pris dans la convention du grand Tanger d’exiger le cahier de chantier. Et bien sûr, Larache, Assilah, Fahs Anjra et toutes les communes rurales ne sont pas comptées non plus.

 

Tout cela je vous l’écris non pas pour justifier que l’un ou l’autre fasse plus de projets publics et qu'il ne faut point lui demander des comptes. J’essaie juste de vous démontrer que la raison et l’intelligence doivent prendre le pas sur les rumeurs et les ragots. L’argumentation est permise, la discussion réfléchie aussi. Mais crier au scandale qu’un membre du bureau s’accapare les projets du secteur public pour aller gaspiller la commande privée avec 4000, 6000m² couvert par mois par architecte avec comme unique argument que ‘parce qu’ils s’accaparent la commande publique on fait ce qu’on veut avec le secteur privé !’  C’est la démonstration de la bêtise la plus parfaite que je n’ai jamais vu. Quand bien même le secteur public connaîtrait des abus. Je ne tolérerai jamais que sous ce prétexte on prenne en otage toute une population d’architectes, de leurs salariés et de leurs familles, pour engranger les projets par centaines annuellement sans respect d’aucune loi et en croyant que signer des désistements dispense de la mission obligatoire de par la loi.

 

Je terminerai chères consœurs et chers confrères en vous rappelant encore une fois que c’est à chacun de vous de diriger l’action du conseil. Les membres font déjà un travail énorme et donnent de leur temps. Il est temps de donner aussi du votre. En vous présentant pour les élections tout comme d’autres avant vous l’ont fait par devoir et méritent de se reposer. Toutes les candidatures des jeunes architectes seront appuyées. Mais aussi en dirigeant l’action du conseil : en venant soumettre vos propositions d’actions et en les suivant jusqu’au bout.

 

 

Pour ceux qui sont resté jusqu’à la fin un petit bonus : un graphique qui représente les statistiques compilées pour déterminer qui a accès à la commande privée et dans quels pourcentages. Ces statistiques couvrent tout ce qui a transité par le conseil durant ce mandat : plus de 1700 autorisations sur les trois ans. Bien loin du chiffre total des autorisations. Mais on peut facilement extrapoler.

 

Images intégrées 2

 

Pour comprendre : la portion rouge représente 11 architectes qui font 58% de la commande (entre 42 et 181 projets). La portion jaune représente 13 architectes qui ont fait entre 20 et 40 projets, 19% de la commande. Le reste des 109 architectes ont réalisé 14% de la commande avec entre 1 et 7 projets. On peut même voir que durant les trois années de ce mandat, 57 architectes ont réalisé 1 seul projet sur les trois ans. Représentant à eux tous 3% du volume des autorisations. La moitié de notre tableau des architectes inscrits au conseil régional se partagent donc…3% de la commande.

 

Les écarts sont tellement importants qu’il n’est nul besoin de commenter. Et malgré cela je continuai de recevoir des explications toutes plus saugrenues que les autres : certain architectes auraient une base de connaissances élargies, qu’ils ont mis des années a batir… je reste pétrifié de stupeur quand on me présente de tels arguments.

 

La seule raison pour laquelle ils font ce volume c’est que les clients auxquels on estime 60.000dh d’honoraires reviennent nous voir en disant désolé on a trouvé un architecte à 3000 dh. Je sais de quoi je parle, il suffit de faire une simple recherche internet pour voir mon nom apparaitre en haut de la liste. Je reçois bien des clients qui à l’annonce du prix commencent à envisager la poignée de la porte de sortie avec angoisse croyant avoir affaire à un fou.

 

 Et là je me permet de vous interpeller tous : Il est inconcevable qu’il faille attendre qu’un membre du conseil, qui fait un ou deux projets par an, se rende a une commission d’urbanisme pour défendre son dossier d’autorisation pour trouver que la dizaine de dossiers passant en commission ce jour-là sont l’œuvre d’un seul architecte réputé pour louer son cachet. Pour ensuite entreprendre des mesures. Pourquoi tant d’architectes qui exercent dans le secteur privé ne se plaignent pas de cette situation sachant qu’on n’a pas les statistiques des arrondissements au conseil ?

 

Pour ma part je suis heureux d’arriver à cette fin de mandat qui a été très prenante. Il fallait travailler sur ces dossiers de fond. Mais il fallait aussi gérer le quotidien, les réunions, les assemblées. Tant de petites choses nécessaires pour maintenir la cohésion et la motivation de la profession.

 

Il m’a été donné un jour d’aider à l’archivage de la boite mail du conseil et j’ai été scotché par le nombre important de messages entre le président, le secrétaire général et les salariés du conseil. Parfois une dizaine de mails par jour. Et malgré toute cette charge de travail qui leur incombaient. Ils étaient les plus actifs pour assister aux réunions, visiter les autres conseils et entamer les actions.

 

Je sais qu’il y a une grosse polémique concernant les projets de l’état. Mais moi-même quand en 2008 j’ai appris à connaitre ces personnes, j’ai appris à faire la part des rumeurs et du concret. Oui il existera toujours des architectes qui travaillent plus que d’autres pour le secteur public. Et non le président et le secrétaire général ne font pas plus de réalisations que bien d’autres architectes qui réalisent bien plus de projets de l’état qu’eux. Leur proximité avec le Wali nous a permis de négocier plein d’avancées telle la convention du grand Tanger. Beaucoup leurs reprochent cette proximité également et de ne pas avoir manifesté leur désapprobation quand les projets publics ont basculé vers l’apdn a des honoraires réduits. Mais peut-on leur reprocher une inaction ? À aucun moment : Chaque demande chaque plainte a été traitée. La résolution de tous les problèmes est impossible. Mais au moins nous avions en face des membres du bureau qui écoutaient conseillaient et agissaient.

 

Ceci dit je conseille aux confrères de se concentrer sur un dossier qui leur tient à cœur et de le défendre. Quand moi-même et des architectes avons adressé une plainte au MEN pour les retards d’honoraires le conseil l’a appuyé. Et parfois c’était tellement difficile juste de faire des appels à manifestations : très peu d'architectes répondaient. Il faut avoir du courage et de la volonté, mobiliser les consœurs et confrères et venir taper à la porte du conseil et ne pas se décourager. Ce n’est que de cette manière que les choses avancent.

 

 

Un hommage donc à notre cher président et notre secrétaire général. Merci pour ces trois années de dur labeur. En espérant que la prochaine équipe saura préserver et fructifier les acquis de ce mandat.

 
Images intégrées 3
 

Pour l’anecdote cette image a été prise en cachette lors des réunions avec la wilaya pour le modèle de cahier de chantier. C’était vraiment difficile, prenant, exaspérant parfois surtout quand les igt et les ingénieurs spécialisés ont demandé que la gestion du cahier de chantier nous soit retirée pour aucune raison que de la méchanceté gratuite. Bref mille et une histoires que chacun peut consulter avec les pv de réunions qui compilent toutes les actions de ce mandat. Il fallait avoir du courage pour assister a ces réunions qui durent 3 ou 4 heures. Moi je suis l'un des plus actifs et je n'en ai pas fait la moitié de ces réunions qui me concernaient au plus haut point. Eux étaient tout le temps présents quels que soient les actions. Que Dieu les rétribue.

 

Salutations confraternelles et bon courage à tous pour la suite.

 

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